L’habitant-e- d’abord : processus participatif à Esseghem
pali pali s’allie à Traumnovelle et TPF pour le processus participatif d’une rénovation d’appartements à Esseghem
Le site Esseghem, situé à Jette, est composé d’un ensemble de six bâtiments. Construit entre les années 70 et 90, ils se déploient autour d’un large espace public. Dans le cadre du Contrat de Quartier Durable Magritte, un concours a été remporté par le Studio Paola Vigano pour le réaménagement complet des espaces publics. C’est maintenant pali pali, Traumnovelle et TPF qui ont été désignés par Lojega pour réaliser une étude de faisabilité portant sur deux volets : d’une part, la rénovation énergétique de deux barres de logements, et de l’autre l’activation des rez-de-chaussée des immeubles.
Face à un public social, fragile et parfois précarisé, l’ambition de rénovation thermique d’un parc de logements tels que les bâtiments Esseghem 1 et 2 doit tenir compte des conditions présentes, mais aussi futures du marché de l’énergie. En 2019, la précarité énergétique concernait près de 28% des bruxellois·e·s et 41% des locataires sociaux (Fondation Roi Baudouin). De nombreuses recherches prospectives prédisent que le coût de l’énergie augmentera alors que sa disponibilité réduira. Sans être dans un discours catastrophiste, il convient d’acter ces évolutions et d’y faire face, d’ores et déjà, de manière prudente et attentive.
“L’HABITANT-E- D’ABORD”
C’est pourquoi nous avons décidé de placer les habitants et habitantes en premier dans les considérations de la rénovation du parc de logements Esseghem, pour affirmer la volonté de protéger ce public qui ne pourra faire face à la hausse du coût de l’énergie. Le développement d’une vision long terme est une manière volontariste et équilibrée de préparer la venue de futures crises énergétiques, et même en leur absence, de renforcer l’indépendance énergétique des habitants et habitantes, et donc leur qualité de vie.
La vision pour ce projet s’articule sur un grand principe directeur : comment se saisir de l’ambition de rénovation thermique des logements et de programmation des rez- de-chaussée pour renforcer d’autres critères comme la sécurité et la santé, le confort et le plaisir d’usage, l’inclusion, l’environnement ? Quelles démarches, quelles mutualisations, quelles approches permettent, avec le même budget, d’augmenter significativement la qualité de vie ?
DEUX MISSIONS COMPLÉMENTAIRES
En conciliant éthique du care – c’est-à-dire du soin à l’autre – et bienveillance, notre étude place en premier ces mots d’ordre dans les considérations de la rénovation du parc de logements Esseghem.
Nous avons envisagé les deux volets de la mission comme complémentaires et en dialogue. D’envisager les rez-de-chaussée et espaces extérieurs comme des prolongations collectives de l’espace domestique pouvant non seulement améliorer l’habitabilité du parc, par exemple en proposant des fonctions de services essentiels au habitants et habitantes, mais aussi comme des espaces qui confèrent à leurs usagers et usagères une nouvelle autonomie, une nouvelle capacité d’action.
Pour chacune des deux parties de la mission, nous mettons en avant certains concepts – spatiaux, techniques ou programmatiques – qui servent d’outils de conception des scénarios. Ils jouent le rôle de “garanties de qualité” et permettent d’assurer le niveau d’ambition et la cohérence de chaque démarche. Ils évitent toutefois d’induire des réponses toutes faites qui ne sauraient s’accommoder du dialogue avec la maîtrise d’ouvrage ni avec les habitants et habitantes, ou autres parties prenantes..
OCCUPATION TEMPORAIRE
Dans ce programme, pali pali est plus précisément en charge de l’encadrement du processus d’occupation temporaire et de l’élaboration de la programmation pérenne des rez-de-chaussée du quartier Esseghem à Jette. Construite dans une démarche participative pour répondre à des problématiques sociales, la réalisation de la mission implique un travail d’accompagnement de l’occupation temporaire et de la médiation au quartier, centré sur la création d’une réelle culture de proximité.
L’ensemble de cette attention à la médiation s’articule autour des occupants et des usagers. Nous proposons déjà des agoras et des ateliers de co-construction pour faire vivre ces publics ensemble et leur permettre de s’approprier ces nouveaux espaces.
La première agora à eu lieu la première semaine d’août, en vue de commencer les ateliers de co-construction en septembre pour un début d’occupation dès la fin du mois.
Une cuisine commune, un café solidaire, une bibliothèque gérée par les habitants, un centre de formations pour les jeunes, une laverie, une salle des fêtes, une salle d’étude… Les idées ne manquent pas et les habitant-e-s d’Esseghem n’hésitent pas à être force de proposition pour créer, en plus des espaces partagés, de solides réseaux d’aides et de partages selon les compétences de chacun. Cette innovation de dynamique sociale et solidaire pourrait même créer un nouveau concept de quartier, à l’instar de “Vivre et travailler” de Zwicky Süd (Zurich). À Esseghem, nous pourrions faire un focus sur la formation et l’orientation professionnelle chez les jeunes, comme l’ont déjà suggéré plusieurs habitant-e-s.